Les bons placements pendant l'inflation

Etude

Les crises sanitaires et géopolitiques récentes sont les principaux déclencheurs d’une inflation soudainement exponentielle, après une longue période de taux faibles, voire négatifs. Pourquoi lutter contre l’inflation est une priorité pour les placements financiers ? La raison est double. C’est un impératif à la fois important et urgent. Par exemple, si les coûts de l’électricité augmentent, les « Restos du Cœur » auront des difficultés pour financer les chambres froides et stocker des denrées périssables. C’est donc important puisque la mission même de l’association est touchée, alors qu’elle fait face à un nombre croissant debénficiaires. Dans ce cas, c’est également urgent car les plus précaires sont les premiers touchés par la hausse des prix.

Comment les associations et les fondations ont-elles jusqu’à récemment sécurisé leurs placements de trésorerie ?

Dans les dernières décennies, les personnes morales ont très souvent placé l’éxcédent de leur trésorerie sur des comptes à terme, fonds euros, livrets, bons du Trésor… sans penser trop y perdre face à l’inflation. Pour autant, cela fait plus de 10 ans que le fonds euros perd de la rentabilité. Ce fatal effet de ciseaux des rentabilités sonne le glas de la sécurité des placements en fonds euros, désormais classée dans les légendes révolues.

À ce jour, la performance du fonds euros est nettement inférieure au cours de l’inflation, ainsi que celle des livrets bancaires classiques.

Quels comportements adopter face au risque inflationniste ?

Expertise et prudence sont les meilleurs atouts pour optimiser ses placements face à l’inflation. La prudence ne signifie pas l’absence de risque. Il y a en effet le risque que l’on prend, donc un investissement qui peut rapporter davantage, et le risque que l’on ne prend pas avec la certitude de perte dans un contexte d’inflation (comme avec les fonds euros). La prudence signifie donc le discernement du risque acceptable.

La diligence demande de faire preuve de dynamisme et de savoir s’adapter au contexte économique.

La clairvoyance fait jour en s’appuyant sur l’expérience des experts compétents. Ils apportent des conseils avisés et adaptés selon les objectifs et les valeurs de l’association ou de la fondation, son horizon de placement et son degré d’aversion au risque. La formation des équipes doit se faire de façon régulière dans ce contexte changeant pour prendre des décisions pertinentes et comprises par l’ensemble du comité financier et des équipes opérationnelles concernées.

L’essor de nouveaux remparts contre l’inflation

Nous observons que des solutions reviennent au-devant de la scène financière.

–  Les SCPI (Sociétés civiles de placement immobilier) rassurent mais il faut les sélectionner sur le long terme pour amortir les frais initiaux sur le capital qui se déprécie au début. Mais in fine, il dépasse l’inflation. En revanche, les revenus des SCPI limitent les effets de l’inflation.

–  Le marché obligataire s’avère efficace quand les taux remontent. Si les anciennes obligations à faible rendement étaient délaissées, deux types d’obligations ont pris le relais : les fonds d’obligations décotées et les fonds dits « high Yield » construits récemment, pour tenir compte de la hausse des taux.

–  Les entreprises sur le marché du « pricing power » protègent leur marge car elles intègrent dans leurs contrats des clauses de révision du prix. A contrario, les fabricants qui négocient à prix fixe et la plupart des distributeurs voient leur marge se réduire ou disparaître à cause de l’inflation. Il s’agit donc de sélectionner des fonds actions qui contiennent ce type d’entreprises.

–  Les produits structurés anciennement fonds à formule connaissent eux aussi une renaissance depuis le déclin des placements sécurisés classique. Leur flexibilité et leursdifférentes protections conviennent parfaitement aux personnes morales leur permettant d’allier protection et rentabilité sur mesure.

–  Les fonds spécialisés sur les marchés à terme (futurs et options) peuvent permettre d’utiliser l’inflation pour être positifs. Cela repose sur la compétence de traders spécialisés. C’est un marché spéculatif ou de couverture.

Comment associer individuellement les donateurs pour améliorer l’état des finances face à l’inflation ?

Les campagnes de dons sont des moments privilégiés pour communiquer. La principale campagne des associations a lieu en fin d’année[1]. Une seconde période ne touche que les fondations éligibles aux défiscalisations de l’Impôt sur la Fortune Immobilière et a lieu en mai et juin.

Mais la priorité devrait se porter sur des dons réguliers tout au long de l’année. Les trois effets les plus vertueux de la régularité sont le lissage des effets de l’inflation, l’utilisation de l’argent au bon moment et la prévision des règlements au plus juste des échéances.

Informer les donateurs des répercussions des crises actuelles pour en mesurer l’impact permet une meilleure mobilisation. Ainsi, la Fondation de France écrit[2] : « A nos côtés, soyez le rempart qui empêchera les plus fragiles de basculer dans une situation critique ». Elle met en valeur le rôle personnel que le donateur peut jouer en tant que rempart pour soutenirles plus fragiles.

La percée des réseaux sociaux

Toute l’année, les associations et fondations arrivent directement sur les portables de chacun, trouvant ainsi de nouveaux relais de diffusion et de mobilisation des dons. Cette communication individu par individu en est en croissance constante ets’impose au fil des ans. Dans l‘ordre décroissant d’utilisation, nous retrouvons Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram, Youtube[3].ConclusionAujourd’hui, la courbe descendante de la rentabilité des fonds euros a croisé la courbe ascendante de l’inflation. Ces placements dits « sécurisés » qui avaient su convaincre la plupart des personnes morales à la recherche de garanties ne sont plus en adéquation avec les réalités présentes. Il faut creuser avec les conseillers financiers spécialisés dans les associations les différentes solutions alternatives aux placements sécurisés qui ont prouvé leur résilience en temps de crise et leur forte rentabilité dans un contexte inflationniste.

Par ailleurs, un dialogue toujours plus proche avec les membres des associations et leurs donateurs aidera à passer le cap : l’inflation n’est pas seulement un enjeu financier, mais un sujet qui émeut et créé de la solidarité.

[1] Du fait des mesures fiscales permettant de réduire son imposition de 66 % dans la limite de 20 % des revenus du foyer fiscal.

[2] Fondation de France, Lettre aux donateurs du 23 novembre 2022

[3] France Générosités, Chiffres réseaux sociaux 2022 – Baromètre des associations et fondations, juin 2022